Une démarche d’investigation distincte de la graphologie
Il s’agit d’une technique d’investigation comparative qui permet d’authentifier un document / une signature ou d’identifier un scripteur.
La discipline est très souvent confondue avec la graphologie. D’ailleurs, dans le milieu judiciaire ou parajudiciaire, il n’est pas rare d’entendre « expertise graphologique » ou « analyse graphologique » quant il s’agit de révéler une fraude documentaire ou un faux en écriture.
Si les deux disciplines ont l’écriture manuscrite pour ADN commun et que chacune d’entre elles requiert une démarche d’observation fine, la technique, les objectifs et la finalité sont bien distincts.
La graphologie s’intéresse à la dimension psychologique, vise à comprendre le fonctionnement d’une personnalité et en établir le profil.
Un protocole technique rigoureux
L’expertise en écriture (et signature) repose sur un protocole d’observation visant à comparer des documents manuscrits pour en tirer des conclusions sur leur authenticité (falsification, imitation) et leur origine.
Dans la mesure du possible, l’objectif est de désigner (ou exclure) un auteur en comparant un écrit litigieux avec d’autres documents dont l’origine est établie.
La comparaison d’écritures se base sur le postulat reconnu que l’écriture est l’expression de caractéristiques individuelles. Chacun d’entre nous se distingue par une empreinte graphique unique, souvent inconsciente et involontaire, et toute inscription porte la marque de son auteur.
« Démêler le vrai du faux »
L’écriture est un système complexe, soumis à de multiples variations et il est souvent difficile pour la justice et les enquêteurs de démêler le vrai du faux.
De la petite infraction au crime, la fraude documentaire peut se caractériser à tous les niveaux judiciaires (Usurpations, faux et usages de faux, fraudes intellectuelles, menaces, outrages, diffamations…). L’expertise en écriture est un domaine sensible de la criminalistique qui reste incontournable dans le domaine judiciaire.
La discipline a su tirer parti des erreurs du passé et s’est véritablement construite. Elle s’appuie aujourd’hui sur une méthodologie objective visant à supprimer les biais et permettre la manifestation de la vérité.
En quoi consiste une expertise ? (méthode)
L’expertise est menée selon la méthode SHOE (Standart Handwriting Objective Examinal) établie par Marie-Jeanne SEDEYN ; basée sur le respect d’un protocole technique précis destiné à établir les particularités graphiques d’un écrit.
Elle consiste à la fois en l’analyse matérielle du document (support, encre) et en un travail de comparaison d’écritures entre un document litigieux (appelé « pièce de question ») et des éléments de comparaisons dont l’origine est attestée.
L’examen comparatif repose sur une observation factuelle de toutes les caractéristiques graphiques de ces documents afin d’en révéler les contradictions éventuelles. Cette analyse minutieuse est réalisée à l’œil nu, puis sous différentes sources lumineuses et différents grossissements (compte-fils, microscope)
Le travail est mené sur documents originaux
La qualité et la quantité des pièces de comparaisons doivent être suffisantes, et dans la mesure du possible, contemporaines et réalisées dans un contexte similaire pour permettre d’apporter des conclusions les plus précises possibles.
Le fait de travailler sur des copies, des documents non contemporains ou de natures trop différentes de la pièce de question ne permettra pas de conclusions formelles.
L’intuition personnelle et les extrapolations a priori « évidentes » sont écartées.
Si des limites existent, il est de la responsabilité de l’expert de prendre des précautions, d’admettre les incertitudes et de modérer ses conclusions selon le contexte et les éléments.